Et entre ce qui est juste et ce qui ne l'est plus, il ne s'écoule parfois qu'une seconde...
Je me suis toujours questionnée sur ce qui est « juste » dans mes relations aux animaux. Peut-être que depuis petite je chéris ces relations et que je pressens qu’elles sont précieuses et qu’elles méritent toute mon attention.
Clairement j’utilise les animaux (ils m’apportent tellement de choses chaque jour) mais je me sens aussi parfois utilisée par eux, quand je me retrouve à acheter les croquettes les plus chères du magasin, sinon je sais que mon chat ne va pas les manger ou quand je passe des heures dehors en hiver à nettoyer la stabulation des chevaux, qui sont bien mieux équipés que moi pour le froid.
Je sais qu’ils se sentent utiles mais parfois aussi utilisés (clairement pas le chat dont il est question plus haut…) !
Peut-être est-ce le passage de l’équinoxe et son parfait équilibre jour et nuit qui a réveillé ces questions en moi, suivi du solstice d’hiver et sa nuit la plus longue qui approche, mais trouver un juste équilibre entre les choses et les êtres me semble être toujours un défi à relever.
L’équilibre d’ailleurs, c’est tout un concept...
Le trouve-t-on seulement ?
Danse-t-on dessus ?
Est-il seulement possible dans un monde où tout change tout le temps, de nos cellules aux astres, en passant par les saisons ?
L’Equinoxe ou l’équilibre parfait entre le jour et la nuit se matérialise deux jours chaque année, soit le 21 mars et le 21 septembre dans l’hémisphère nord. Pas de quoi expérimenter longuement ! Et entre les solstices et les Equinoxes, nous sommes en chemin, cherchant l’équilibre, entre le haut et le bas, entre la lumière et l’obscurité.
Assez vite cette question donne le tournis, mais je pense qu’elle mérite justement un peu de réflexion. On peut bien se dire que tout est impermanence et se laisser guider par les vagues, mais cela nous évite la question de ce qui est juste, à ce moment précis, pour moi et pour l’Autre.
Chaque être vivant vient explorer et expérimenter sur Terre. Chaque âme vient avec une mission de vie et les rencontres avec les Hommes sont souvent au cœur des missions de vie des animaux qui partagent nos vies. Les animaux sauvages semblent moins connectés aux hommes que les animaux domestiques, mais ils peuvent aussi venir nous questionner de manière globale sur notre place et la leur. Les rencontres avec eux sont par contre souvent intenses et d’autant plus magiques.
Un certain nombre de questions émergent :
Est-ce juste d’enfermer les animaux, même pour les sauvegarder et les maintenir en captivité ? C’est utile à qui ?
Mais est-ce juste de vouloir les relâcher dans la Nature (souvent dans des habitats naturels qui n’existent plus…) ?
Est-ce juste de vénérer certaines espèces et d’en torturer d’autres ?
Est-ce juste d’exterminer ceux que nous jugeons inutiles, dégoûtants, comme ceux que l’on nomme la vermine ?
Mais peut-on, à l’inverse, laisser certains insectes se multiplier et envahir nos logements ?
Comment trouver un équilibre afin de cohabiter avec tout le vivant ?
Est-ce juste de vénérer certains animaux, en les emmenant complètement dans notre monde, jusqu’à les couper du leur ?
Est-ce que les animaux aiment se sentir utiles ? Aiment-ils nous utiliser ?
Ont-ils un sens de la justice ?
Quand on les utilise, quand est-ce que c’est trop ? quand est-ce que l’échange est vraiment trop inégal ? que le lien se rompt ?
Est-ce que finalement à chaque moment, il nous faut assumer que nos choix sont forcément imparfaits et accepter le fait que ce qui est juste ici et maintenant pour cet animal et moi peut devenir injuste demain ou même ce soir…
Je me rappelle ce moment où Billy Boy, un poney, m’a transmis que quand on se sent utile, on peut guérir beaucoup. Pour lui, il était important de se sentir utile et de le ressentir et ce sentiment l’a aidé à tenir, alors qu’il était malade. D’autres animaux peuvent tomber malades, afin de nous faire réfléchir et de poser ainsi leurs limites. Ce fut le cas des équidés avec lesquels j’ai travaillé pendant plusieurs années. A un moment ils ont enchaîné les maladies, afin de me signifier que leurs limites avaient été dépassée. Ils ne souhaitaient plus « travailler ». A la retraite, ils profitent de la vie et du soleil… Et ils me sont tout aussi utiles, mais différemment.
Quand on voit des animaux qui font des compétitions (je pense aux chevaux ou aux chiens par exemple), il y a clairement certains individus qui prennent un immense plaisir à partager cela avec leur humain et qui vont déprimer lorsque l’heure de la retraite sera arrivée et d’autres qui semblent subir ces mêmes moments partagés et qui peuvent dès lors en souffrir.
Ce n’est pas simple de tracer la ligne de démarcation entre l’importance et le bénéfice que certains peuvent ressentir du fait de se sentir utile et le mal-être qui peut découler du sentiment d’être utilisé, tant pour les animaux que pour les humains.
Ce n’est pas simple de sentir que la relation est juste…
Il me semble que c’est un peu à l’image de l’année solaire, il y a des moments où tout est clair et limpide et où les questionnements sont superflus. Et il y a les autres moments de doutes et de réajustements, qui sont le signe que l’on se questionne et que l’on questionne nos animaux, qu’ils nous questionnent aussi afin de savoir ce qui est le mieux pour nous, aujourd’hui et maintenant.
C’est notre responsabilité personnelle quand nous acceptons de devenir le ou la gardienne d’un animal.
Quant aux animaux sauvages, c’est la responsabilité collective de l’humanité de leur laisser des milieux le plus naturel possible, afin qu’ils puissent continuer à nous être utile en incarnant le sauvage et en questionnant notre place, et la leur, dans notre monde partagé.
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